Comment faire pour en parler

Comment faire pour parler des violences subies en tant qu'enfant ou adolescent ? Comment oser en parler tout en se sentant accompagné(e) lors de la révélation ?

Faciliter la révélation des violences subies par les mineurs est essentiel.

Les émotions qui empêchent de parler

Lorsqu'on subit des violences physiques, psychologiques ou sexuelles, plusieurs émotions nous assaillent : la peur, la honte, la culpabilité sont les plus courantes et peuvent durer bien après les faits de violences. Ces émotions conduisent souvent au silence. Libérer la parole est possible quand le bon interlocuteur se présente.

Les peurs, la honte, la culpabilité poussent au silence

Les agressions physiques, psychologiques ou sexuelles s'accompagnent très souvent d'une peur intense. On peut continuer à la ressentir longtemps après les faits. Quand ces violences se répètent, on peut se retrouver à vivre dans la peur au quotidien et dans la crainte que ces violences se reproduisent.

On peut être inquiet des représailles, surtout lorsque l’agresseur a dit de garder le silence. On peut avoir peur de se souvenir des choses que l’on voudrait oublier. On redoute d’avoir à nouveau peur. Ces craintes poussent souvent à éviter tout ce qui est en lien avec ce que l’on a vécu : les situations, les personnes, les pensées… Toutes ces peurs limitent ou empêchent complètement la parole de s'exprimer.

Quelles que soit la ou les peurs à l'œuvre, la conséquence de ce tabou est toujours la même : le silence nous isole. Il nous empêche d’obtenir de l’aide.

Lorsque ces faits graves nous arrivent, on peut aussi se mettre à ressentir de la gêne, un certain malaise : on a honte de ce qui s’est passé, même si l’on sait ou pressent que ce n’est pas de notre faute. On peut se sentir humilié de ce qu'on a fait ou pas fait, dégoûté d'avoir été touché ou ridicule de s’être retrouvé dans une situation où l’on « s’est fait avoir ».

Cette réaction de honte est très courante. On a peur de ce que les autres vont penser : on se dit que si l’on raconte ce qui s’est passé, les autres vont nous juger et nous regarder différemment. On préfère alors souvent ne rien dire.

De la même façon que la peur, la honte nous isole et maintient la douleur.

Quand ces agressions sexuelles, psychologiques ou physiques arrivent, il est fréquent de se dire que l’on doit y être pour quelque chose, que c’est en partie de notre faute. On peut avoir la sensation d’avoir fait quelque chose qui a provoqué l’agression, ou s’en vouloir de ne pas avoir réagi comme on aurait voulu. La culpabilité qui est aussi très courante, nous submerge et stoppe la parole.

Heureusement, ces émotions peuvent se transformer : en les exprimant à quelqu'un.

 

Choisir à qui on va en parler 

Lorsqu'on envisage de parler à quelqu'un, on commence parfois d'abord par se poser plein de questions : comment réussir à dire qu'on a l’impression d’avoir fait quelque chose de mal ? Comment les autres risquent de réagir ? Est-ce qu'on va me croire ?

C'est en retrouvant la parole qu'on peut raconter son histoire à quelqu’un d’autre et sortir de la solitude, de la peur, de la honte et de la culpabilité. Même lorsque l’agresseur nous pousse au silence, il est toujours possible de parler à quelqu’un. La parole est la meilleure façon de transformer ces émotions en les partageant avec autrui et en se rendant compte que les autres comprennent ce qui nous est arrivé.

Souvent, on ne sait pas à qui parler dans ces situations. Mais des personnes peuvent nous écouter.

Celui ou celle qui nous écoute peut nous aider à poser un autre regard sur ce qui nous est arrivé et nous permettre de penser les choses autrement : mettre des mots sur ce qui n'a jamais été dit, se rendre compte de la gravité des actes, arrêter de minimiser et créer un espace de dialogue sans jugement notamment.

Lorsque l’on se sent prêt à parler de ce qui nous est arrivé, on peut se tourner vers quelqu’un en qui l’on a confiance, avec qui on se sent à l’aise, et avec qui on trouvera le courage d’évoquer ce qu’il s’est passé. Quel que soit l’interlocuteur choisi, le plus important est de parler des violences pour sortir du silence.

  • Parler à des anonymes

Parfois, on peut avoir besoin de parler dans un premier temps à quelqu'un qu'on ne connait pas. Il existe des services téléphoniques confidentiels et gratuits qui peuvent écouter et répondre aux questions : le 119. 

  • Parler à notre famille

On peut choisir de parler à un membre de notre famille, avec qui on pourra partager ce qu’on a vécu : notre mère, notre père, notre frère ou notre sœur, notre tante, notre oncle, nos grands-parents, notre cousin ou notre cousine…Mais il arrive que les violences aient lieu au sein de la famille. On a alors peur de raconter ce qui nous est arrivé car on craint les conséquences que cela pourrait avoir sur la famille. Le silence permet aux violences de continuer. En parler va montrer que quelque chose ne fonctionne pas. Même si c’est douloureux au départ, cela permet par la suite de retrouver un équilibre et de ne plus vivre ces violences. 

  • Parler à nos amis

On peut choisir de se confier à un ami ou une amie, lorsque l’on sent qu’il sera plus facile de parler à quelqu’un qui n’appartient pas à notre famille. Ce peut être un ami de son âge, un camarade de classe ou un adulte en qui l’on a confiance. Cela permet de se sentir soutenu et entouré.

  • Parler à des professionnels

On peut s’adresser à des professionnels qui ont été formés à l'écoute de cas graves : un enseignant, le conseiller principal d’éducation, l’infirmière, le médecin, l’assistante sociale. Ces professionnels sont là pour nous écouter et savent nous accompagner et nous aider. On peut aussi directement parler à quelqu’un de la police, en allant seul ou en se faisant accompagner au commissariat ou à la gendarmerie.

 

Se rassurer pour se sentir libre de parler

Lorsqu’on a décidé de parler de ce qui nous arrivé et qu’on a choisi la personne à qui on veut en parler, on se demande comment on va s’y prendre, quels mots on va utiliser pour décrire les faits et les ressentis, par quoi on va commencer à raconter, ce qui va se passer après la révélation. Se mettre à parler, c’est oser introduire un changement, et ça demande du courage, parfois du soutien, parfois de la préparation.

Pour se préparer à vivre ce moment qui nous fait peur, on peut réfléchir à ce qui pourra nous rassurer :

  • choisir le moment propice : repérer un moment calme où on ne sera pas dérangé rapidement.

  • choisir le lieu adapté : trouver un lieu où on se sent en sécurité, un lieu neutre (un parc, un jardin, un café, etc.).

  • penser à ce qu’on va dire : trouver la première phrase à prononcer, choisir de raconter tel ou tel fait d'abord ou de tout dire d'un bloc. 

  • profiter d’un moment de confidence où on se sent prêt.

  • avoir un objet qui nous rassure : choisir un doudou, une peluche, un petit objet qu'on peut manipuler, que nos mains peuvent serrer ou malaxer si on se sent stressé.

La parole ne passe pas forcément par des mots : il y a plein de façons de s’exprimer. On peut écrire une lettre, envoyer un mail ou un texto, faire un dessin, enregistrer un témoignage audio…

Parfois, la personne à qui on se confie ne réagit pas comme on le souhaiterait, voire ne nous aide pas. Il ne faut alors pas hésitez à solliciter quelqu'un d'autre !

Quel que soit le moyen d’expression que l’on choisit, le plus important est de ne plus être seul(e) face à ce qui nous arrive.

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